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ii. L'informatique

 

Les ordinateurs sont maintenant monnaie courante dans n'importe quel bureau. Décidés à conquérir le monde dans un avenir proche, ils se sont coalisés pour nous détruire d'ici 2030. L'état-major des forces humaines alliées a constitué une liste exhaustive de 7 secteurs d'affrontement sur lesquels les Ordinatueurs gagnent du terrain chaque jour, taillant les rangs humains de CAD à coups de lance-flammes. Pour vous figurer efficacement ces secteurs d'âpre combat, imaginons un CAD standard, équipé d'un ordinateur portable standard. 

1. Les mots de passe.

Nom de code : MdP. Les MdP de loin les plus dangereux car passent presque inaperçus puisqu'ils ne constituent pas à proprement parler une tâche des CAD* (même s'ils font tâche), mais nous bouffent tout de même un temps incroyable et ce, le plus naturellement du monde. En vérité, les MdP sont une gangrène que tentent de nous infliger les redoutables Ordinatueurs. Leur arme secrète réside dans leur simplicité, en apparence seulement, principal facteur dépressogène, car rappelons-le, ils ne semblent être qu'une simple suite de caractères ! Le CAD-λ, de prime abord confiant, pas méfiant pour un sou, s'assiéra à son poste de travail et rentrera nonchalamment les dix (ou plus) caractères de son MdP. L'échec de saisie, systématique (étrange, non ?), lui vaudra une amusante (mais non moins récurrente) claque dans sa gueule, l'incitant à réinscrire son MdP dans la zone de saisie, généralement plus vite et plus fort, histoire d'être sûr qu'il a appuyé sur les bonnes touches son Motdepasse*1234. Penchons-nous sur ce phénomène : les statistiques montrent deux types de comportement à ce genre de situation : 

A. Les immunisés.

De nature calme, ces CAD de nature douce sont capables de saisir jusqu'à sept ou huit fois leur MdP en se trompant, sans s'énerver, en lançant tout de même un "oh ben dis donc !" vers la fin, un sourire amusé, en laissant échapper un mignon soupir. Véritables ennemis des méchants Ordinatueurs, ces CAD-là sont à éliminer de toute urgence, mais heureusement ne représentent que 3% des usagers : point de danger pour l'ordre 66. Et intrinsèquement, comme CAD ils sont par conséquent très mauvais. 

B. Les exposés.

De nature irascible, ceux-là passeront par plusieurs états en fonction du nombre d'essais infructueux : 

1 essai : la seule idée de devoir entrer le MdP provoque un passage en zone passable du capital patience (notons KP).

2 - 4 essais : rire et surprise, courts, le KP passe brutalement d'un niveau passable en zone critique.

5 - 8 essais : KP épuisé, vitesse et force de saisie accrues de 35% à chaque nouveau passage. Le grincement des touches accroît l'énervement de l'usager. Ce dernier grince également des dents.

Remarque : Faisons maintenant une brève parenthèse pour présenter un autre danger grave, les touches Verr. Num. et Verr; Maj. qui pourriront la vie à l'utilisateur et le feront recommencer un certain nombre de fois, renforçant ainsi l'inique projet destructeur des Ordinatueurs siths.

9 - 11 essais : KP négatif tendant vers moins l'infini, provoque un bannissement des touches Verr. Num et Verr. Maj suite à leur décollage spontané du clavier qui commence à ne plus répondre. L'écran subira dans 87% des cas une fermeture violente, suivie une courte minute plus tard de sa réouverture, généralement suite au son de notification de réception d'un mail, l'ordinateur n'étant qu'en veille. 

Remarque : à ce stade-là, l'écran ne marchera sans doute plus lors de son ouverture. 

12 essais et plus : suite au constat du décès de l'écran, la structure de l'ordinateur ne supporte pas le choc violent du poing de l'usager, l'ordinatueur se tord et le tiroir du lecteur CD sort dans un "pouing" ridicule. 

12 essais et plus, suite logique :

- L'initiative du lecteur CD étant de trop, l'ordinateur vole en direction d'un mur, accompagné de ses fidèles chargeur et souris ;

- Le mur n'ayant hélas pas pu endommager le haut-parleur intégré, un son de notification de réception d'un mail se fait entendre ;

- Un fauteuil de bureau atterrit violemment contre ledit mur, à la poursuite de l'ordinateur maintenant à terre ;

- L'usager a quitté son poste pour aller fumer, hors de lui et hors du bureau ;

- Lors d'un ultime grésillement trahissant l'arrivée d'un mail dans la carcasse de l'ordinateur, l'employé le plus proche étant resté dans la pièce achève le chenapan d'un coup de talon.

Moralité : Bien qu'ayant perdu un soldat, l'armée des Ordinatueurs se gausse en silence d'avoir rendu à moitié fou un honnête CAD et pourri quelques minutes de tous ses voisins dans l'open-space. 

2. Les mises à jour.

Nom de code  MaJ. Cousines des MdP auxquelles elles font souvent appel, les MaJ sont un moyen efficace au CAD de choper une dépression. Généralement intempestives, sachant avec malice se proposer - ou mieux : s'imposer - lorsque le moment est particulièrement mal choisi (arrêt urgent de l'ordinateur pour avoir le train, démarrage urgent de l'ordinateur en début de réunion), les MaJ sont aux MdP ce que les éclaireurs sont aux fantassins des antiques légions romaines et savent jouer avec les nerfs du CAD en changeant systématiquement leur méthode de frappe :

- Certaines, après un temps d'espionnage et de reconnaissance, sont totalement invisibles. Les plus nombreuses, elles sèment la discorde parmi les rangs de CAD gaulois en imprimant un doute profond : Quelque chose a changé ? Mais quoi ? Cela fonctionnera-t-il aussi bien ?

- D'autres, plus malignes, viennent perturber les habitudes (et donc les performances) du CAD gaulois en changeant l'emplacement d'un bouton, la souplesse d'un programme, la mise en page d'une impression papier. 

3. Les droits d'accès.

Remarque : ce chapitre nous impose de présenter des alliés des Ordinatueurs, des traîtres à leur peuple, j'ai parlé des responsables informatique (ou RI). Ayant pactisé avec les machines infernales, ces fidèles vassaux contribuent, dans l'ombre et en toute discrétion, à l'avancée inéluctable des Ordinatueurs, et par-là même à la destruction des CAD. Entre autres, ils gèrent les mises à jour et conditionnent la durée de péremption des mots de passe ! Mais, pire, ils gèrent les droits d'accès. 

Un droit d'accès est généralement constaté quand il n'est pas... quand n'a pas accès, quoi. Véritables pépites d'or dont le département informatique semble posséder un plein coffre, les droits d'accès sont pourtant distribués au compte-goutte, avec douleur, la plupart du temps après examen d'un dossier de motivation constitué des pièces suivantes : 

1. mail de demande en bonne et vue forme à l'attention du RI ;

2. appel téléphonique au RI, manqué, une heure puis deux jours après le mail ;

Remarque : si le RI ne répond jamais, c'est généralement parce qu'il est trop occupé à préméditer une MaJ.

3. post-it laissé sur l'écran d'ordinateur du RI suite à visite infructueuse au central informatique** ;

4. mail de relance.

Véritable plaie dans le quotidien du CAD, les droits d'accès sont toutefois définitifs mais sauront présenter un réel potentiel déprimogène lorsqu'ils susciteront jalousie et incompréhension envers les collègues du CAD : "pourquoi a-t-il accès et pas moi" ou encore "pourquoi pour lui ça a pris deux minutes et moi trois semaines" et autres interrogations rédhibitoires qui rongeront lentement mais sûrement le psyché du CAD tandis que dans son antre maléfique, le RI mesquin en rira aux éclats tout en continuant sa ponte frénétique de MaJ et autres plaies machiavéliques.

4. Les bases de données et autres Gestions Electroniques de Documents (GED).

Ce sont les bébés des RI. Nécessitant des droits d'accès et moult différents mots de passe, les GED et autres bibliothèques numériques sont un fabuleux package des plaies précédentes, d'autant plus qu'elles sont généralement accessibles depuis un portail en ligne, ce qui nous amène à...

5. Les navigateurs.

Cousins germains des précédentes, les navigateurs supportent les accès aux bases de données et GED, accessibles par MdP (si les droits d'accès sont activés). Ils sont bien entendus soumis à des MaJ. Les navigateurs discutent entre eux pour emmerder au maximum le pauvre gentil CAD et se partagent généralement les pages web qui y sont accessibles avec la règle élémentaire suivante : pas moins de 10% mais pas plus de 60% des pages utiles par navigateur.

6. Les newsletters.

Les membres d'un grand groupe reconnaîtront ce tourment supplémentaire, venant pourrir un peu plus leur boite mail tout en remuant le couteau dans la plaie, le message récurrent concernant la récente MaJ de telle ou telle base de données accessible par navigateur.

7. L'intranet.

Ultime affliction informatique que les Ordinatueurs nous infligent, l'intranet est le pub du coin où viennent se retrouver tous les truands précités. S'y rencontrent gaiement les "fiches-réflexes" si on perd son MdP ou si un droit d'accès est nécessaire, un panneau latéral rappelant les dernières MaJ des différentes bases de données et sur quelles versions de quels navigateurs elles sont disponibles, faits rappelés dans la dernière Newsletter hebdomadaire...

Concluons donc que ce chapitre a ici une valeur profondément philanthrope et solidaire : que de CAD ai-je rencontré qui ignoraient totalement les dangers de leur vie quotidienne ! Chers compatriotes, le temps des secrets touche à sa fin, dénonçons l'iniquité du silence entourant le complot des Ordinatueurs péruviens et sauvons ceux de nos frères qui peuvent encore l'être ! Car les dangers sont bien plus omniprésents qu'il n'y paraît...

***

*Candidat Aspirant Dépressif.

**notons au passage que le RI sait quand on le recherche et n'a pas son pareil pour trouver une cachette en un temps record (généralement son propre bureau encombré de carcasses d'ordinateurs*** offrira bon nombre de recoins poussiéreux aptes à l'accueillir quelques minutes, le temps que le courageux CAD fasse le siège de son bureau avant de remonter à son poste de travail, bredouille.

***notons également que le RI, ce fourbe, soigne l'ennemi !!

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